Je me demande s’ils sont sourds, ces deux-l… « Aaah ! » Je m’affale à moitié dans un bateau et, le temps de réaliser ce qui m’arriver – un inconnu m’y a poussée sans ménagement – j’ai déjà un pied qui trempe à moitié dans l’eau. Je me redresse à moitié en fixant l’étrange homme qui m’aide.

- Tu as la délicatesse d’un volcan… Mais merci. C’est urgent.

Je tourne mon regard vers la foule et m’efforce à faire preuve de patience. Pourtant, je ne peux m’empêcher de commenter d’un ton agacé tandis qu’on approche de la berge :

- Ils sont des mouches qui s’agglutinent autour d’une crotte. C’est décourageant…

Je soupire. Le rustre a la gentillesse de tirer l’embarcation partiellement à terre, si bien que je peux traverser le bateau pour en débarquer sans trop me mouiller. Dans ma hâte, je trébuche, bien sûr, et failli entrer en collision avec un groupe d’inconnus auquel s’est joint mon rameur. Je ne peux m’empêcher de les écouter pendant que je me redresse. Puis de lancer, avec une pointe d’urgence, à la jeune femme qui ordonne aux autres.

- J’éviterais, à ta place… Ou tu risques une nuit éternelle.

Je me tourne vers la foule d’idiots. Je suis inquiète, les images de mon rêve me reviennent en tête et me font frissonner alors que la température ambiante est plutôt confortable.

- Les esprits sont chasseurs, ce soir. Si tu veux rester en vie…

Je nie de la tête soudain.

- Je dois les arrêter… Ah ! Ces idioties !

Sans un mot de plus, je m’éloigne vers la foule bien décidée à éviter le pire, et je fonce vers eux. Ils sont si intrigués par cette pierre que j’ai du mal à m’approcher. Comment faire ? Que puis-je faire ? J’espère juste que Sigrid a prévenu le Dagda et qu’ils s’organisent. Si j’échoue, mieux vaut que tous soient prêts…

Spoiler:

 
 
 
 
 
 
 

C’est Lothar qui entre dans son champ de vision, visiblement accompagné. Lui avec une femme? Non ce devait être une méprise.
Il était venu s’amasser comme d’autre autour du Luspien qui haranguait les foules pour attirer l’attention, ou peut-être n’était-ce qu’un hasard. Pourtant en cette nuit, Ràn retrouvait une semblant de l’espièglerie qui l’avait jadis habitée, écho d’un passé lointain qui résonnait comme  vrai. Mensonge ! Oui, mais celui-là était doux à ses oreilles, suffisamment pour qu’elle se laisse entrainer et puis, pourquoi rater une occasion de lui pourrir la vie, lui qui n’avait de cesse de briser la sienne alors qu’il n’y avait déjà plus rien à casser ?

Elle se rapproche donc, le frôlant, tout en se retenant d’attirer son attention en lui touchant l’épaule. Le connaissant cela aurait pu mal tourner, en plus d’avoir droit à une réaction de pucelle effarouchée.

« C’est peut-être l’occasion de montrer à tous que tu n’es pas qu’un gorille sans cervelle. Pourquoi ne pas participer à ce concours ? »

Ràn module sa voix du mieux qu’elle le pouvait, non pas pour se dissimuler, elle savait qu’il le reconnaîtrait, mais plutôt pour apaiser les tensions que sa simple présence engendrerai. L’affaire était de le convaincre et éventuellement de l’humilier si elle le pouvait. Au pire serait-il trop occupé par la suite pour venir lui flairer le train comme un chien stupide qu’il était.

« Quoi qu’en fait, je ne suis pas certaine de devoir me réjouir si tu devais gagner une pierre de chance et de prospérité. Qu’importe oublie ce que j’ai dit, tu as les crocs d’un fauves, mais je doute que tu ais une quelconque finesse pour te mettre en valeur devant ce genre de spectacle. De toute façon, à part te battre, tu ne dois pas savoir faire grand-chose, tu n’es qu’un animal rageux après tout.»

Psychologie inversée et insulte gratuite. Cela devrait peut-être marcher, déjà Ràn s’éloignait, du moins tentait de le faire au travers de la foule qui s’amassait et les entourait pour ne pas subir ses remarques désagréables. Oserait-il se montrer indécent ce soir, au milieu de tous ce monde alors que seul ceux la connaissant risquait de pouvoir la reconnaitre ? Allait-il risquer le courroux de la foule et s’en prendre à une shaman ?

Spoiler:

J’ai été poussée à me produire sur cette scène par une force que je ne connais pas. Est-ce l’envie de faire plaisir à une enfant ou simplement une autre force qui me dépasse ? En tout cas, lorsque les notes sont sorties de ma flûte accompagnant le doux chant d’Elfride le niveau sonore s’est accentué. J’étais réellement portée ne maîtrisant plus rien du tout. Puis la magie qui m’a incitée à me mettre en avant s’est estompée et j’ai rejoint Kolga suivie de près par Elfride.

Toutes deux ont eu des mots pour me féliciter et je me suis empourprée. L’interrogation de la sylv concernant l’identité de Kolga reste sans réponse lorsque j’entends la voix de l’homme qui a pris notre relais « Alrik ». Techniquement ce n’est pas la réponse à la question de  mon amie. Mon regard se tourne vers l’homme. L’histoire qu’il conte je l’ai vécue à ses côtés. Mes plaies ont cicatrisé mais je ressens ce frisson à chaque souvenir, chaque blessure. Mes mains se crispent et j’ai peur que nous nous retrouvions tous ici pour subir le même genre de situation. Lorsqu’il redescend de l’estrade je secoue la tête souris comme je peux et réponds cette fois ci à Elfride « Kolga une jeune fille qui est perdue, elle recherche Lothar un guerrier et son tuteur ». Toutefois je tente d’attraper du regard l’homme avec ce déguisement de loup, sans y parvenir pour l’instant.

« Cet homme qui était sur scène toute à l’heure je le connais, ce qu’il a dit, je l’ai vécu avec lui, avec Lothar, avec d’autres et si ? » je me demande ce que je dois faire. En bordure une femme semble chercher quelque chose. Des mouvements ont lieu dans tous les sens, les candidats se succèdent et le temps s’égrène peu à peu.

« Je ne sais pas mais j’ai un mauvais pressentiment. Kolga tu sais je ne suis pas la meilleure pour protéger, je suis une grosse peureuse. Je ne pense pas que nous nous retrouvions tous ici par hasard » J’ai peur mais je suis trop ignorante, Alrik sait peut être alors au moyen de quelques pas je me rapproche de lui posant doucement ma main sur son épaule « Alrik, si tu étais tel un pantin j’étais moi-même  une marionnette, je ne pensais pas être capable de jouer, que se passe-t-il ? J’ai peur et je crains que cet événement qui se veut prétendument une fête ne soit que l’instrument d’un magicien bien plus puissant ». Je pince les lèvres à ma question suivante « Tu la connais ? Ran elle est de ta tribu ? C’est une Shaman et elle pourrait nous aider je pense à comprendre ce qu’il se passe ? » je détourne mon regard du Dunien… Mes yeux se posent sur Kolga, Elfride, Alrik, des yeux remplis de questions, d’inquiétude.

spoiler:

Un a un les participants tentent leur chance, dévoilant chacun leur... talent. Talent parfois incongrus. Il y a certaines têtes que tu reconnais. Notamment celle affabulée par une tête de loup. Mais la voix ne trompe pas, ni ce qu'ils racontent. Le frère de Loup est donc venu ici. Tu as la mauvaise impression que vous êtes à nouveau tous réunis et que cela ne présage rien de bon. Mais voilà déjà Sauge qui te prend de nouveau à parti.

-Bon alors, t'y vas oui ou non ?

-Oh mais t'es encore plus collant qu'un Njord accroché à sa marmite ! souffles-tu, agacée. T'as qu'à y aller toi.

Agacée tu l'es assez. L'insistance de Sauge est franchement désagréable, d'autant plus que tu as entendu quelques propos dans une voix que tu ne connais que trop. La Frigide est là et tu ne tiens pas à te faire remarquer par elle, malgré ton déguisement. Pour une Halde elle est plutôt futée et tu doutes de parvenir à biaiser ses sens aiguisés de l'observation. Surtout qu'elle s'apprête également à rafler la mise si tentatrice.
Tu attends donc qu'elle passe, applaudissant avec les autres à la fin de son numéro, une expression goguenarde collée sur ton visage, que personne ne peut voir. Il n'y a plus personne de volontaire et tu te dis que c'est peut-être fini lorsque la voix de Sauge retentit à nouveau à ton oreille.

-Il nous faut cette pierre Opale. Va accomplir ton devoir au lieu d'admirer cette bande de demeurés !

Et tu n'as pas le temps de faire un geste de plus que déjà te voilà au milieu de la scène.

-Vieux rat dégarni... grommelles-tu alors que tu montes sur scène.

Mais il a raison. Cette pierre est un bien précieux. Tu commences donc par te racler la gorge plusieurs fois, te donnant ainsi une tonalité beaucoup plus rauque quand tu parles. La Frigide est là avec ce Hald tout aussi coincé et tu ne tiens pas à être reconnue. Puis tu te penches et ramasse un caillou avant de commencer ta prestation.

-Avant de commencer je tiens à préciser que ce que vous allez voir n'est pas de la magie, précises-tu bien sérieuse. C'est juste une conjugaison d'agilité et de manipulation compliquée. Il n'y a absolument rien de magique dans tout ceci.

Étape numéro un : gagner l'attention. Cette précision faite, tu poursuis ton discours à l'intention du publique, commentant ce que tu fais et parsemant la foule de rire. Après quelques gestes, tu fais disparaître ton caillou avant de le faire réapparaître derrière l'oreille d'un spectateur.
Étape numéro deux : gagner la confiance. Sous les applaudissements, tu reprends ton spectacle avec un objet appartenant à un des spectateurs qui a bien voulu te le confier. De nouveau tu distraits l'attention par quelques plaisanteries qui portent leur fruit et fait de nouveau disparaître l'objet pour le faire réapparaître cette fois dans la besace d'un autre spectateur. Tu reproduis la scène deux ou trois fois avec différents objets sous les applaudissements et les rires. Tu as conquis la foule.
Étape numéro trois : l'apothéose. L'attention tournée vers toi et la confiance gagnée, tu tentes le tout pour le tout et attrapes la pierre promise après l'accord du Luspien. Tu l'as fait disparaître et apparaître une ou deux fois, à des lieux tous plus improbables. Et enfin le final... d'un geste, une fois encore, tu l'as fait disparaître sous les applaudissements. Puis tu te diriges vers un spectateur et, alors que tout le monde pense que tu vas la faire réapparaître, tu disparais dans la foule. Habilement. Invisible. Les premiers cris retentissent mais tu es loin. Mais oui... tu as bel et bien volé la pierre.

Spoiler:

Tandis que vous attendez que caillou et pierre ne reviennent avec ce qu'a demandé Logan, la shamane que tu as aidée plus tôt viens vous raconter des histoires à faire dresser les poils sur vos bras.  Raison de moins pour participer au concours et tu as la satisfaction de voir que Logan semble convaincue elle aussi que c'est une mauvaise idée.

Jusqu'à ce que Ràn n'arrive, tu te sens plutôt satisfait de la situation.  Elle vient te faire ses petites piques désagréables, en espérant te provoquer, te faire monter sur scène et que tu t'humilies.  C'est le moment de lui prouver que jamais elle ne t'arrivera à la cheville.  Un air de dédain passe sur ton visage.

« Ne serait-ce pas de la jalousie, car ton unique moyen de défense n'est que ta langue de vipère?  Regarde et observe. »

Les deux sous-fifres de ton amie arrivent alors munis des bâtons et des clochettes que Logan a réquisitionnés.  Tu leur prends des mains et tu attrapes celle de Logan dans la tienne et l'attire vers le centre du cercle qui s'est formé pour observer les concurrents qui est vide l'espace d'un moment.  Tu as oublié les paroles de la shamane.  La pierre ne t'intéresse pas, tout ce que tu désires, c'est remporter le concours pour que la Dunienne ne morde la poussière.  

« Je vais te devoir une chandelle Logan, mais aide-moi à rabattre de la caquet de cette horrible corneille.  Elle me casse les pieds depuis bientôt six lunes, mais je peux pas lui rappeler sa place en la battant.  Tu le feras pour moi? »

Tu lui tends bâtons et clochettes, lui laissant encore le choix de le faire ou non, bien que tu sais très bien que seul, la performance ne prouverait rien : c'est un exercice qui ne se fait qu'avec un partenaire et tu sais que tu peux faire confiance à la stratège pour l'exécuter sans erreur.

Spoiler:

Logan roule des yeux alors qu'une jeune femme les rejoins. Le conseil qu'elle vient de lui donner ferait d'elle une folle tout indiquée. Mais la haldy décèle de la vérité. Alors elle oscille sans un mot entre lui soumettre l'étiquette de barge ou d'extralucide. Finalement, elle opte pour le second. Si elle n'a pas encore le temps de chercher qui est cette femme, elle sent ses convictions. Mais il est trop tard. Logan a décidé de participer, alors ainsi il en serra même si Lothar semble convaincu qu'elle est revenue sur sa décision.

Elle aurait voulu lui demander ce que cette étrangère voulait dire que déjà une autre venait les interrompre. Agacée par ces interruptions incessantes elle se contenta de se taire cherchant à savoir qui elle était. Pas halde, ni une amie proche. Et elle se permet de lui parler ainsi ? D'un cynique sourire, elle laisse celle ci aller jusqu'au bout de sa verve avant de répliquer, doucereuse.

«  Ainsi c'est elle ton animal de compagnie. Elle jappe un peu fort. Et elle te connaît bien mal. »

C'est vrai, elle, elle ne doute pas un instant que Lothar va l'accompagner sur scène. Et comme pour lui donner raison, ses deux compagnons reviennent avec le matériel demandé. Sans se faire prier Lothar attrape sa main pour l’entraîner. Elle n'a pas même eu le temps de chercher le meilleur angle d'attaque, cette femme s'en est chargée pour elle. Et même si elle se sent courroucée, la stratège sait reconnaître le gain de temps que cela représente. Alors que le guerrier lui tend bâtons, la halde ne se fait pas prier. Elle fixe les clochettes à ses chevilles au moyen de liens de cuir et attrape les deux bâtons dans chaque mains.

« Oh si tu me promets un service alors je vais donc me sacrifier pour toi. On va faire la 5e passe. »

Ses deux compagnons finissent pas hocher la tête conscient qu'elle leur demande la plus compliquée. Ils sont donc prêts. Logan monte donc suivi des trois hommes. La mystérieuse huile abandonnée derrière.

Formant un cercle, chacun tenant une matraque, le spectacle commence. Ils n'ont pas besoin d'un quelconque rythme. Ils sont leur propre tambour de guerre. Et alors que leur talons percutent avec force le sol, les clochettes résonnent d'un seul accord pendant que leurs bras se lèvent et viennent percuter les battons des autres. Des gestes brutaux, d'une précision parfaite. Le moindre faux mouvement briserait leurs doigts. Mais Lothar et Logan sont l'élite, les deux autres elle doit l'avouer, pas mauvais. Alors le rythme s'accélère, les motifs de leurs pieds se complexifient. Sous les yeux de la foule ébahie, Logan leur offre la vision d'un ancestral entraînement Hald qui est la plus sauvage des danses. Les corps se tendent et les coups s’abattent. Mais toujours, le bois résonne, avec d'inquiétants craquements. Et alors que le motif se fait plus longiligne, Logan se retrouve seule. Tendant ses matraques vers le feu d'une torche qui illumine la scène, le bois s'enflamme. Elle les a éclaboussé avant de monter sur scène. Comme celles de ses compagnons. Et la danse reprend, et leurs bâtons s'enflamment au contacte des siens. Hypnotisant.

Spoiler:

Elowen arrivait enfin à la fête de l'Arbre-Monde. Elle avait fait la majeure partie du voyage avec les Belorme, mais elle avait décidé de s'arrêter cueillir des plantes en chemin. Elle avait notamment ramassé des bleuets, de la bourrache et des coquelicots. Elle avait pris le temps de les emballer soigneusement. Nul doute que ces plantes lui serviraient à elle ou à quelques autres pour lutter contre les effets néfastes des excès de la fête.

Elowen avait aussi eu besoin de se retrouver seule pendant quelques heures.Des souvenirs s'étaient éveillés. Ils avaient d'abord timidement étiré leurs ramures, puis avaient planté leurs racines en elle. Impossible de les ignorer. L'euphorie d'elle et Rosalie quand elles se rendaient à la fête, l'ivresse des rires d'enfants. Tout revenait. Les racines pressaient son cœur.

Désormais à la fête, Elowen avait mis un masque qu'elle avait confectionné avec des fleurs séchées. Ce n'était finalement qu'une nouvelle épaisseur sur son visage déjà dissimulé depuis sa trahison. Elle était une mauvaise herbe. Il n'y avait pas grand chose de bon à en tirer.

Lorsqu'elle entendit le Luspien annoncer le concours pour la pierre spectrale, elle hésita. C'était peut-être l'occasion de demander pardon à Gal et Rosalie. Mais quel talent avait-elle ? Celui de mentir ?

Elle regarda une jeune femme chanter, accompagnée d'une autre jouant de la flûte, un homme-loup raconter une histoire fascinante qui lui donna des frissons, une danse hypnotique dont les rythmes résonnèrent dans tout son corps...

Non, pas de pardon. La pierre méritait d'appartenir à quelqu'un d'autre. La fortune ne sourit pas aux traîtres. Silke la maudirait pour avoir l'impudence de tenter. Elle se demandait parfois pourquoi il l'avait épargné depuis toutes ces années. Ou peut-être que tous ces souvenirs, ces ramures qui s'étendaient dans son être comme l'Arbre monde était sa punition.

"Elowen !", s'exclama son père en s'approchant d'elle, accompagnée d'une femme.

Elle avait l'impression de découvrir sa voix pour la première fois. Elle était habitée par une chaleur qu'elle ne lui avait pas connue. Il lui présenta sa compagne, celle qui lui avait fait quitter le clan. Ils ne s'étaient pas revus depuis près d'une année. Le temps semblait l'avoir cependant rajeuni. L'an avait été pour lui une douce pluie après des jours d'été arides.

Son attention se détourna des propos de son père un instant.

"Tu la connais ? Ràn elle est de ta tribu ? C’est une Shaman et elle pourrait nous aider je pense à comprendre ce qu’il se passe ?

Elowen se tourna vers la voix. Ràn ? Ràn est ici ? Elle réajusta son masque.

Spoiler:

Une voix l’interpelle. Quelqu’un l’a reconnu. Sous le masque il rougit mais son corps ne trahit rien de ce malaise qui l’étreint. Il aurait voulu rester anonyme. Mais conter les évènements de la grotte était un risque. Le voilà redevenu Alrik pour certain malgré ce déguisement, et il sent sa confiance ébranlée par ce constat. Il ne veut pas redevenir le guide aux yeux des autres. Il veut rester ce mystérieux inconnu au masque de loup et plein d’ardeur. Aussi son premier reflexe est-il de fuir, de s’éloigner de ces gens qui en savent trop. Mais la main de la femme, douce, chaude, agréable et légère sur son épaule le retient, le clou sur place et il ne bouge pas.

Qui sont-ils d’ailleurs ces gens ? Rapidement il les sonde, les balaye du regard pour tenter de trouver chez eux un indice, une marque distinctive. Lorsque tous sont grimés pour les fêtes son incapacité à reconnaitre les visages se fait d’autant plus ressentir. C’est à la douceur de son toucher, à son regard inquiet et à son odeur qu’il reconnait Helga. Les autres cependant lui reste inconnu. Sa propre main vient rencontrer les doigts de la femme qu’il étreint alors qu’elle lui fait part de ses craintes. Dans la grotte elle avait su le rassurer. Sous le masque il se devait de lui rendre la pareille.

« Je connaissais effectivement Ràn. Répond t-il à son interrogation. Fut une époque où nous étions comme les doigts de la main elle et moi. Mais aujourd’hui, je ne suis même plus certain de notre amitié. »

Les mots sortent, douloureux, de sa gorge. Ses yeux se portent sur Helga et, d’un geste qui le surprend lui-même, il replace une mèche des cheveux de la jeune femme derrière son oreille en geste doux, tendre.

« Mais n’ais crainte, nous irons lui parler. Si quelqu’un peut nous éclairer sur le dessein des esprits c’est bien elle, notre lanterne dans les ténèbres. »

Sur ces mots, ces yeux sondent la foule. Mais il ne doute pas un instant que le destin finira par la faire émerger des badauds, car ainsi va la vie. Et lorsque deux destins sont liés, ils finissent toujours par se retrouver. Et il sait que par leur destiné jumelle elle est une autre moitié de son histoire. Et lorsque ce sentiment étrange qui le parcoure lorsqu’il l’aperçoit l’étreint il se met en route.

Ràn se trouve par là. Il le sait. Voilà tout.

Spoiler:

La foule de badauds me semble désespérément dense. Je n’ose pas m’y enfoncer. Je n’ai jamais été douée pour jouer du coude et ainsi ouvrir ma voie. En fait, je finis plus souvent par être à moitié piétinée qu’autre chose quand j’essaie. J’hésite du coup. Je me mets à marcher autour de l’attroupement, cherche des yeux une ouverture. Mon attitude me rappelle celle d’un tigreau qui apprend à chasser. Je regarde, je me prépare, je commence à approcher, puis me ravise, poursuit ma longue marche circulaire, et recommence…

Puis j’attaque enfin, à ma façon, fonçant dans le sillage laissé par quelqu’un qui semble s’être lassé du spectacle. Le mur extérieur franchi, je me fraye tant bien que mal un chemin vers le centre du cercle. Après beaucoup d’efforts – et d’excuses murmurées à tous ceux dont j’ai malencontreusement écrasé les pieds – j’arrive à voir la tête de l’homme qui a lancé ce stupide concours. Je cherche à m’approcher, bien décidée à la prévenir du sombre présage que j’ai entrevu.

- Hey ! Toi !

On se presse devant moi à la vue des prochains concurrents, et mon exclamation se perd dans celles, curieuses, de la foule. Je tourne la tête un instant et grogne à la vue des insouciants qui ont choisi de participer malgré mon avertissement.

- De vrais papillons nocturnes attirés par la lumière d’un feu… Espérons qu’ils ne se brûleront pas les ailes…

Je détourne le regard de ces créatures désespérantes pour chercher l’instigateur. Il n’en faut pas plus pour que je remarque qu’il s’est éloigné pour faire place à la danse à laquelle je ne porte d’abord pas attention. En fait, pendant un instant j’ai failli courir à travers le cercle pour arrêter le cirque, mais je me suis ravisée lorsque le rythme des bâtons et clochettes a commencé à retentir autour de nous.

Ce rythme, il me rappelle les rituels, et mon devoir. Je désespère sous mon masque, de peur d’arriver trop tard. Pourquoi est-ce que ce rêve devait tomber sur moi ? Je pousse du coude, je cherche à rejoindre l’homme, mais je m’arrête soudain aux exclamations de surprises. Mon œil est aussitôt attiré par la lueur de flammes mouvantes et je m’arrête enfin, me laissant envoûter par cette danse inconnue…

Spoiler:

Elowen regarda la jeune femme qui avait parlé de Ràn s'éloigner en compagnie de l'homme loup. Ils allaient sûrement retrouver la shaman. L'envie irrépressible de partir à l'opposé lui fit couper court aux retrouvailles avec son père. Elle l'invita à s'éloigner un peu de la scène, prétextant l'envie de prendre un rafraîchissement.

Le cœur d'Elowen était devenu un tambour. Elle ne comprenait pas cette crainte qui l'étreignait tant en présence de Ràn. Fuir. C'était tout ce que son cerveau était capable de dicter à ses jambes. Elle bouscula quelques personnes au passage, sema son père et sa compagne sans le vouloir. La marche devint course. Elle était une proie, un lapin effrayé par un loup.

Silke guide la shaman vers moi , pensait-elle.

Pourquoi cette fête se déroulait-elle si étrangement ? Malgré la culpabilité, elle ne s'était jamais sentie aussi mal les années précédentes. Au contraire, la fête enfouissait sa trahison, remplissait son cœur de quelque joie... Ce jour-là, il n'y avait que l'angoisse.

Elle s'arrêta au bord de l'eau. Reprendre une barque en sens inverse si tôt attirerait l'attention. Elle était coincée sur cet îlot.

Spoiler:

Un service pour Logan, ce n'est pas un engagement à prendre à la légère, mais tu es prêt à le faire. Si ça peut en mettre un coin à l'apprentie shaman, tu es prêt à beaucoup de choses. Elle t'énerve tellement. Un sourire scelle votre pacte et comme les autres tu attaches les clochettes à tes chevilles et t'empares du bâton que tu soupèses un instant, le temps d'évaluer son poids pour mieux exécuter les mouvements. La cinquième passe hein. En cela tu reconnais bien ton amie. Pourquoi viser simple quand on peut faire mieux. Tu connais suffisamment les deux autres pour savoir que vous pouvez exécuter la choses sans soucis et s'ils font une erreur, leur casser quelques doigts ne te gênera pas du tout. Tu n'es pas connu pour ta douceur, ni ta clémence et un mauvais mouvement est si vite arriver dans cet exercice de précision.

Tu ne penses pas à ce qui se passe autour de toi, ni même si Ràn regarde ce que vous faites. Néanmoins, tu n'es pas surpris quand tu vois ton bâton t'enflammer. Ça ressemble bien à Logan de vouloir en mettre plein la vue et vous terminez la passe avec un dernier ding sous les yeux ébahis des spectateurs. Tu cherches du regard dans la foule Ràn. Osera-t-elle encore se moquer?

Tu passes un bras autour des épaules de Logan.

« Je te le rendrai. J'essaie d'éviter quelques personnes et ce coup m'a rendu un peu trop visible. Me badigeonner de miel pour attirer les abeilles à moi aurait tout aussi bien marché. Me voilà un soleil lumineux.»

Tu la secoues un peu pour lui rappeler ta reconnaissance et ta promesse avant de t'évanouir dans la foule. Tu es convaincu que Kolga et Helga doivent t'avoir vu faire ton numéro et tu ne veux pas t'occuper de la fillette tout de suite. Tu dois enquêter d'abord et avant tout.

Spoiler:

Mon regard arpent la foule tout en restant proche d'Helga,

« Quel bazar... Tout ça pour une pierre porte bonheur ? »

Je dois avouer, je ne comprends pas pourquoi toutes ces personnes sont à fond sur cette pierre. Ceci étant, c'est d'autant plus bas de voler la récompense pour un concours où tant de personnes ont fait des efforts. Ce genre de personne doit avoir oublié ce qu'est la compassion. Peut importe après, ça reste un caillou porte bonheur et non pas un médicament lors d'une épidémie.

Puis nous avons mieux à faire, nous devons retrouver une shamane il me semble, si ce loup veut bien nous guider, ça ne devrait pas trop tarder.

« Et si tu nous conduisais plutôt auprès de la shamane ? », dis-je en caressant légèrement la fourrure de loup. Entre masque de loup, on devrait bien s'entendre. Hoooo ! C'est trop doux ! Je ne peux retenir mon regard de pétiller, ça y est, je suis de nouveau de bonne humeur.

Spoiler:

"Elle l'a volé ! La pierre spectrale !"
"Retrouvez-la !"

Il y avait soudain un brouhaha qui n'était pas celui de la fête. Elowen vit la foule s'agiter. Les gens s'invectivaient, soulevaient des masques sans y être invités, fendaient la foule, courraient. Un troupeau d'hypposts en colère !

Elowen regarda les barques à quai. Il n'y avait personne à proximité. Le voleur s'était peut-être déjà fondu la masse et avait rejoint la meute en colère après lui. Autant chercher une aiguille dans une meule de foin... Pourtant, elle se tapit dans l'ombre et fixa son regard sur les embarcations.

Spoiler:

Je reste impassible, imperturbable. Mais au travers de mon masque Alrik remarque cette terreur. Je tourne le dos à Kolga qui semble croire que je peux la protéger, il y a aussi Elfride. Mais, à mon tour j’ai besoin d’être rassurée et le geste doux de l’homme avec un masque de loup me fait trembler. Je ferme les yeux à ce contact et j’aurais envie de me jeter dans ses bras si le climat n’était pas si… terrifiant. Les personnes qui montent sur scène rajoutent à ce trouble. Lothar…

J’ai envie de fuir, de partir loin de lui, du souvenir qu’il fait naître à cet instant. Un vertige me prend alors que je suis déjà Alrik. Je ne quitte pas la scène du regard et je le regarde descendre. Nous nous sommes arrêtés et cette fois ci je vois une femme prendre le relais. La foule est subjuguée de la magie opérée à tel point que le vol de la pierre passe inaperçu.

Toutefois je reprends mes esprits et rattrape une nouvelle fois Alrik. Cette fois ci je me positionne face à lui et lui murmure juste à son attention, me rapprochant de son oreille « J’ai peur Alrik, les guerriers ils sont là comme des vautours sur leurs proies, la claque de Ran fait que j’ai peur de me trouver face à elle. Tu as vu cette lueur d’inquiétude dans mon regard dis moi que tu peux m’aider ; cette enfant derrière toi » dis-je en désignant Kolga « Est sous la responsabilité de Lothar « et elle » en désignant Elfride « Est une amie sylv comme moi, elles croient toutes deux en moi mais je suis trop perdue pour faire quoi que ce soit » timidement « Sois notre guide, le mien et je ferai ce qu’il est possible pour t’aider à mon tour ».

J’ai besoin de lui ; nous sommes semblables tous deux apeurés par les esprits et la vie en général ; peut-être qu’ensemble nous pourrions sortir vivant de cette fête qui se transforme en cauchemar.

spoiler:

La performance des guerriers prend fin et, avec elle, mon envoûtement songeur. Je regarde un court instant les passes illusoires de cette nouvelle étrangère avant de me rappeler pourquoi j’ai la chair de poule. Le sentiment empire. Pas à cause de la vision. Elle n’a pas changé. Mais parce que plus le temps passe, plus cela me semble imminent. Pourquoi aurais-je reçu cet avertissement aussi sombre si ça n’avait pas été le cas ? Que faire ?

Je profite des légers mouvements de la foule qui s’applique à répondre aux demandes en tout genre de la femme pour me faufiler entre les gens. J’approche du Luspien à qui je cherche à m’adresser. Il est occupé, évidemment, et je ne suis sans doute qu’un moustique qui bourdonne à son oreille, mais il faut que j’essaie. À qui d’autre pourrais-je en parler?

- Hey, toi ! Faut arrêter le concours ! C’est une folie! Surtout…

Je me retourne sous les exclamations de la foule juste à temps pour voir… rien. Rien du tout. La femme a disparu !

- Où est la pierre ?

Ma voix tremble légèrement. De peur et un peu de honte aussi, alors que je réalise ce qui est arrivé. Puis ma voix s’élève sans que je la contrôle vraiment, réalisant que ce chaos est peut-être le présage que j’ai eu. Il ne me faut pas beaucoup de temps pour voir le drame qui se prépare peut-être. Cette foutue pierre ! Sous l’Arbre Monde !  Moi qui d’ordinaire reste plutôt dans mon coin, je me sens le besoin d’intervenir, le devoir même. Je gonfle mes poumons, je m’apprête à lancer à tous un avertissement clair. Ma voix porte, un peu, quand je m’élance, mais j’ignore si ce sera suffisant pour calmer la foule. Je n’ai aucune autorité sur eux.

- N’oubliez pas que ce lieu est la source de notre vie ! Ne le souillez pas pour une pierre ! Celui qui versera le sang à nos racines subira la colère des esprits !

Spoiler:

Tu t'évades. Les cris se propagent rapidement derrière toi. Ils ont mis quelques secondes, secondes que tu as toi-même mis à profit pour filer le plus rapidement possible. Mais ils seront bientôt sur toi et tandis que tu mets le plus de distance possible entre le concours et toi, ton cerveau réfléchit à une vitesse folle. Il te faut trouver un endroit où te cacher. Te cacher et ôter cette cape et ce masque si distinct. Tu cherches autour de toi un lieu où tu pourras te débarrasser de tout ceci. Intérieurement tu maudis Sauge. Pourquoi est-ce toi qui t'es jetée ainsi dans la gueule du loup ? Quel manque de galanterie évident ! Tu te promets de lui faire manger cette satanée pierre lorsque tu croiseras à nouveau son chemin. Puis tu vois un petit renfoncement entre une tente et un arbre. De quoi te dissimuler de cette soudaine chasse à l'homme. Tu fais un bond souple et agile, prête à te soustraire à toute vision. Mais tu ne retomberas jamais les deux pieds sur terre. Voilà que tu voles... tu... voles ?

Tu mets quelques minutes à percuter que tu voles bien dans le ciel, mais pas comme tu l'imagines. Des tentacules gluantes enserrent ta taille et te voilà à pousser des hurlements stridents alors que le monstre semble te goûter avant de t'avaler toute crue. Mais... quelle horreur ? Quelle est donc cette... chose... Ton masque toujours collée à ta tête et ta capuche dissimulant toujours tes cheveux, tu gesticules dans tous les sens, essayant de te soustraire à cette bête féroce qui t'a prise en otage sans raison. Bon certes, tu as volé une pierre. Mais c'est un caillou et c'était pour le bien de ta tribu. Vous subissez déjà assez la haine et le dégoût de tout le monde, tu as bien le droit de vouloir leur apporter un peu de bonheur non ? Et puis en plus, l'idée ne vient même pas de toi, c'est Sauge qui t'a forcé. Pourquoi ce n'est pas lui qui se fait trimbaler dans les airs ? C'est vraiment injuste. Et d'où ce monstre a-t-il surgi ? Quelques cris parviennent à tes oreilles. Un Gardien ? Oh par tous les Dieux. Te voilà devenue le déjeuné d'un Gardien. Pourquoi n'as-tu pas donc écouté ton pressentiment et laissé cette pierre là où elle était ? Pourquoi a-t-il fallu que tu écoutes Sauge et ravir cette pierre ? Tu as agi en Nep et voilà que tu récoltes les conséquences en Nep. Et vue la cohue d'en bas, personne n'a l'air décidé de t'aider. Il va falloir que tu trouves un moyen de t'en sortir seule. Mais que peux-tu donc faire ?

Spoiler:

Ton détourne ton regard d'Helga pour te tourner vers la provenance des cris. Mais c'est la voleuse !

Tu vois la scène avec stupéfaction. Tu lâches par surprise la main d'Helga, tu n'entends plus le moindre sons, juste un léger sifflement, l'air semble plus lourd, plus oppressant. Tu sens tes membres engourdis. Tu vois à peine le mouvement de la foule en déroute qui se disperse.

Tu te retrouves immobile, le regard bloqué sur la créature. Ton instinct te l'hurle que c'est le moment de t'échapper, il faut te mouvoir et VITE ! Mais pour une raison inconnue quelque chose te fascine autant que ça ne te terrifie. Sans t'en rendre compte, tes jambes cèdent, tu te retrouves les genoux au sol. Tu trembles de tout ton corps, tu ne peux plus quitter cet être du regard.


Deux émotions luttent en toi, la terreur, et l'admiration.
Car oui, cet être... est...

Spoiler:

Si Logan était évidemment la réunion de grandes qualités elle était aussi vraiment mauvaise joueuse. Le bras de Lothar entourant ses épaules, elle avait eu un vrai sourire sincère en l’écoutant réitérer sa promesse. Puis il était parti et elle avait donc observée d’un œil critique la participation d’une femme qui avait fait suite à la sienne. De l’illusion. Mais qui semblait plaire au public. Jusqu’à ce que l’illusion devienne réalité. La pierre venait d’être volée. Furieuse qu’une telle duperie ait eu lieu devant son nez, elle s’était brusquement relevée.

Jetant le matériel qu’elle avait utilisé, elle se mit à chercher frénétiquement celle qui était venue la mettre en garde. Elle savait que la pierre allait être volée ? Etait-ce cela qu’elle était venue lui dire ? Elle n’eut pas à chercher longtemps, là, en plein milieu de la foule, elle hurlait ses mises en gardes. Alors que Logan venait poser une main sur son épaule pour l’interroger, sa voix s’arrêta douloureusement dans son larynx. Que la terre se fende sous ses pieds. La mise en garde prenait désormais tout son sens. Rendue muette par la scène, elle abandonna l’épaule qu’elle avait agrippé pour admirer avec effroi le Gardien qui tenait fermement celle qui avait osé lui voler son bien. Alors que la foule jusqu’alors s’était décidée à gronder de colère, elle n’était désormais que peur et bousculade.

« Va-t’en »

C’est un ordre qui réunit toute la sécheresse des terres haldes. Qu’elle s’en aille jusqu’à ce qu’elle sente ses poumons bruler. Elle la retrouvera, pour lui demander comment elle a deviné le drame qui se joue. Le Gardien charge la foule. La stratège qu’elle est aurait dû suivre les autres, se mettre à l’abris. Mais elle n’a jamais été d’accord concernant la vision que les autres de son travail. Logan se précipite en avant, droit sur la chose titanesque. Son but n’est pourtant pas de se jeter entre ses pâtes mais ses deux alliés ne semblent pas avoir compris. Le plus proche, la retient par la taille le regard fou.

« LACHE MOI BOUGRE DE CRETIN »

Ses mots claquent comme un fouet. Qu’il a dû connaître car il la lâche comme brulé par son ordre.
Droit devant, leur Nuada, les bras en l’air à faire face au gardien qui ralentit à peine pour faucher les plus lents. Logan accélère, toujours suivi par les deux autres. A quelques secondes près elle aurait été fauchée. Mais elle a poussé le Nuada sans qu’il ne résiste. Au sol tous les deux, ils roulent, ayant esquivé de peu à l’impact de la bête. Coupée en deux par le choc, Logan étouffe. Elle se sent soulevée par l’un de ses larbins tandis que l’autre s’occupe du nuada. Pour une fois, elle se tait et s’escrime à reprendre son souffle.

Spoiler:

Je cesse à peine de crier qu’un homme étrange s’approche pour me tendre… des graines. Un cadeau de la forêt. Ce n’est pas le genre de chose qui se refuse, même s’il a le regard un peu perdu. Peut-être s’agit-il de l’ouvrage d’un esprit. Il faudra que j’y songe plus tard.

- Merci, ami de la forêt.

Il faut être polie, quand même. Je me retourne ensuite pour observer la scène devant moi avec inquiétude. Ça ne me dit rien qui vaille. J’essaie de me concentrer, de capter les variations du fleuve magique autour de moi, et je me surprends soudain à sursauter au contact d’une main sur mon épaule. D’ordinaire je me serais écartée d’un geste vif, mais un simple regard vers elle et je reconnais la guerrière halde de tout à l’heure. Mieux vaut ne pas la…

…

Je regarde le spectacle qui a interrompu mes pensées avec effroi et émerveillement à la fois. Un gardien. Un vrai ! Est-ce seulement possible ? Il est merveilleusement beau… et dangereux… Je vois les gens tâcher d’éviter de se trouve en plein cœur de la charge, se répandant sur l’îlot dans le chaos le plus complet. Était-ce donc de lui que les esprits avaient tenté de me mettre en garde ? Je réalise que je suis en train de marcher vers la créature que lorsque j’ai déjà franchi quelques mètres. J’affiche une confiance, une assurance que peu me connaissent et que je ne ressens pas autant que je le voudrais. Je me serais sentie à l’aise contre un esprit… mais un gardien ? Je ne sais même pas si je devrais déployer ma magie pour le contacter ou pas ! Communiquer avec les gardiens est un art oublié. Pourtant il faut tenter quelque chose…

- Gardien ! Écoute-moi, je t’en prie !

Peut-il seulement m’entendre ? Je l’ignore. Mais la catastrophe est imminente, et qui sait ce qui l’arrêtera si nous ne nous y mettons pas ? Ce n’est pas comme si j’avais le temps de trouver le dagda pour discuter de la marche à suivre avec lui. Il faut improviser avec ce que j’ai. Des vies sont en jeu…

- Gardien ! Je sais que tu es en colère… Mais je veux t’aider. Nous voulons t’aider à réparer les torts qui ont pu t’être faits par les nôtres. Alors dis-moi, que t’a-t-on fait ? Cette pierre est-elle à toi ?

M'entendra-t-il ? Me comprendra-t-il surtout ?

Spoiler:

Il y a quoi au-delà de la peur ? La terreur ? Oui c’est ce que je ressens alors que mes yeux sont toujours plongés dans ceux d’Alrik. Les cris environnants rajoutent un peu de drame au tableau sui se noue devant mes yeux. Je n’entends plus rien je vois juste le gardien qui tient la jeune femme par-dessus nous. Je me fais honteusement bousculer au point que je me trouve à terre. Certains commencent à me marcher dessus tant l’affolement es général.

De manière presque naturelle je mets ma main sur ma ceinture là où je l’avais glissée mais elle n’y est plus. Mon totem, ce souvenir, cet emblème de mon amour perdu s’est volatilisé. Avec grande peine je me remets debout et m’agrippe à Alrik puis Elfride « S’il te plait occupes toi de Kolga, je dois la retrouver, cette flûte est la seule chose qui me relie à Sven, je ne partirai pas sans elle ». Ma voix se fait ferme « Va t’en emmènes la où elle ne risque rien, suis Alrik ils vous mènera à bon port ».

Je me redresse avec peine et je vais dans le sens inverse de la foule qui veut échapper. Je vois ma flute à peine plus loin, je lutte, j’avance déterminée à la récupérer. Il me faut quelques coup de coude et de genoux pour finalement me jeter sur l’instrument. Je me fiche du danger au dessus de ma tête, je me fiche de ce que le monstre peut me faire.

Je regarde la flûte qui est intacte, je ne sais pas par quelle magie. Derrière moi je ne vois déjà plus Kolga ni Elfride. Relevant les yeux le gardien me domine aucun cri ne sort de ma bouche. Et si la musique le troublait ? Sven m’avait prévenu qu’il calmait les animaux avec cette musique et si ?

Sans réellement savoir si cela allait marcher je mets la flute entre mes lèvres et entreprends de jouer. Jouer jusqu’à ce que la mort me frappe, jouer jusqu’au dernier battement cardiaque, jouer pour tenter d’attirer la bête vers moi, qu’elle lâche cette femme et que peut être les guerriers se risquent à la renvoyer d’où elle vient… jouer car je ne sais rien faire d’autre ; je ne veux pas partir sans avoir tenté une chose aussi stupide soit-elle… Ran me maudira une fois de plus, cette fois-ci je lui tendrai l’autre joue…

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